La peau est ce qui nous sépare et nous protège de la ville. Sa plasticité – sa fermeté et sa souplesse – évoque une manière d’être dans la ville, un état toujours changeant, fluide, jamais figé. En réponse à l’invitation de Chapelle Vidéo, programme d’art vidéo du Département de Seine-Saint-Denis, Frédéric Nauczyciel investit la chapelle du musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis et présente La Peau vive, une installation qui invite des performers et le public à s’emparer de l’espace muséal, qui mixe chorégraphies, récits de vie, mises en abime de l’image de soi. Disséminés dans la chapelle de l’ancien carmel, huit et un écrans -le neuvième, central, de 6 m de large - composent un rythme propre, construisant un musée intime éphémère où l’histoire de corps affleure à même la peau comme les êtres affleurent à la surface de la ville.
Frédéric Nauczyciel est un artiste visuel français qui travaille entre la France et les Etats-Unis. Nourri par la danse et le cinéma, il réalise des photographies, des films et des installations. Il fait appel à l’expérience de la performance pour produire des « images vivantes ». Son œuvre aborde l’expérience physique de la ville, la traversée du centre à la périphérie, les variations entre le masculin et le féminin, ou encore l’image de soi et de l’autre. Il transpose dans le lieu de l’art des langues performatives, telles que portées par le Voguing* les Marching Band ou la langue des signes. Ce faisant, il réinvestit les clivages entre culture savante et culture populaire, il souligne la sophistication des expressions urbaines, révèle leur portée politique.
Ses productions sont présentées en France (Mac/Val Vitry, Musée de la Chasse à Paris, Rencontres Internationales de Photographie d’Arles, aux Rencontres Internationales Paris / Berlin, Centre Pompidou Paris) et aux Etats-Unis (FotoFest Intenational Houston, Julie Menerret Contemporary New York). Il figure dans la collection du Fonds National d’Art Contemporain (Public # Ceux qui nous regardent, Le temps devant et The Fire Flies, Baltimore) et dans la Collection départementale d’art contemporain de la Seine-Saint-Denis (A Baroque Ball). En 2017, il est accompagné par l’Espace Khiasma et est artiste associé à la Cité Internationale des Arts à Paris.
Que reste-t-il lorsque l’on n’a que soi-même à offrir, son corps dans la ville, alors que c’est cette ville qui l’a façonné ? La peau devient ce qui nous en sépare et nous en protège, tout autant qu’elle nous y abandonne. Sa plasticité – sa fermeté comme sa souplesse – fait écho à une fluidité urbaine. Elle évoque un état toujours changeant, jamais figé, nécessaire pour habiter la ville.
La Peau vive présente un ensemble de films réalisés par Frédéric Nauczyciel entre 2012 et 2016, lors de plusieurs voyages à Baltimore, dans l’état du Maryland aux Etats-Unis, et d’une résidence de deux années en Seine-Saint-Denis. L’installation relie ainsi les ghettos noirs d’une des villes nord-américaines les plus ségrégées à la périphérie parisienne à travers les membres des communautés transgenres noires des deux territoires -avec lesquels il collabore depuis plusieurs années- ainsi que des artistes, tels le slameur D’ de Kabal, ou encore le performeur Jean-Luc Verna.
En les amenant à filmer eux-mêmes leurs tatouages, leurs scarifications, leur peau, face à la caméra, Frédéric Nauczyciel, tel un répétiteur, les invite à sampler une partie de leur histoire. A travers leur gestuelle, le choix du parcours de leur corps devant la caméra, du cadre ou de la mise au point, ils racontent leur manière d’être à la ville, d’(y) apparaître – c’est à dire leur manière de réinventer sa géographie, de faire de la périphérie le centre. Ces corps en mouvement donnent à voir les variations possibles du masculin au féminin. Ils traduisent une forme d’urbanité où ce qui est populaire contient une élégance et où le ghetto offre un horizon et une flamboyance.
Disséminés dans la chapelle, huit et un neuvième écran - central, de 6 m de large, opérant un ré-échantillonnage de l’ensemble - donnent corps aux corps, aux peaux vives, aux tatouages. Par un traitement ralenti, l’image se meut et déjoue les perceptions, le film devient trompe l’œil baroque – et évoque le perpétuel inachèvement de nos perceptions, de nous-mêmes ou des autres.
Chacun des films porte en lui la promesse d’un solo, qui peut être dansé par un autre. Durant l’exposition, des performeurs viendront mettre en mouvement l’installation vidéo par leur présence vive, en ré-interprétant des bribes de film par la danse ou en réalisant en public des séances de filmage en direct. Ce faisant, l’installation propose de construire un espace au sein duquel les visiteurs font l’expérience du corps de l’autre ; un espace qui laisse les corps en transformation libres de toute assignation.
L’installation s’ouvre sur Casper Ebony, à Baltimore, qui se filme. L’attention du performeur face à la caméra et à son image transcende tout narcissisme : du regard nait le mouvement. Ailleurs, Kory Blacksjuan Revlon, en filmant les tatouages qu’il a sous les yeux, tourne son regard vers nous. C’est aussi à cette expérience du regard que La Peau vive nous invite.
www.seine-saint-denis.fr
www.musee-saint-denis.fr
Avec
Baltimore
Lisa Revlon, Legendary Father, David Revlon, Dale Blackheart, Kory
Blacksjuan Revlon, Sin Toyer, Casper Ebony, Darryl Loudboi, Ismâïl Ibn
Conner, James Conley III, Cameron Lavone Deshelids, Justin Mcclary
Paris
Honeysha Khan, Ari de B, Lionel Abenaqui, D’ de Kabal, Jean-Luc
Verna, Benoit Oget,
Musique et voix
Abdu ali
Phoebe Jean
D’de Kabal
House of HMU, performeurs
Vinii Revlon, Diva Ivy Balenciaga, Dale Blackheart, Honeysha Khan, Ari de B, Julie Burton, assistante
Équipe technique
Eponine Momanceau et Daniela
Mileykovsky, cheffes opérateur,
Fanny Weinzaepflen, mixeuse son,
Xavier Sirven, monteur, Jean Coudsi,
étalonneur, Alan Purene, régisseur installation vidéo
Programmation
Nathalie Lafforgue, Marion Debillon,
Julien Trésor
Presse
Valentine Umansky
RENDEZ-VOUS
Une présence vive dans l’installation
JEUDI 11 MAI
Visite de l’installation de Frédéric Nauczyciel dès 17h30
Projection à 18h30
Soirée de projections proposée par Pascal Beausse, responsable de la Collection photographie du Centre national des arts plastiques, et Nathalie Lafforgue, responsable de la Collection départementale d’art contemporain.
« I Like the Hood », avec Lisa Revlon (Baltimore), de Frédéric Nauczyciel, 2017 – 2’33’’
« La femme sans tête ou la danse du ventre », de Nil Yalter, 1975 (Collection Centre National des Arts Plastiques) – 23’48’’
« La Hora Garrobo », de Jhavis Quintero, 2013 (Collection Centre National des Arts Plastiques) – 2’42’’
« TheyDon’tEvenSee Me », avec Ismail Ibn Conner (Atlanta), de Frédéric Nauczyciel, 2017 – 2’32’’
« Hillbrow » de Nicolas Boone, 2014 (Collection départementale d’art contemporain) – 32’20’’
En présence de Frédéric Nauczyciel et Nicolas Boone.
Du 24 AU 31 Mars
Des performeurs viendront mettre en mouvement l’installation, en dansant les films diffusés. Dale Blackheart, vogueur de Baltimore, complice de longue date de Frédéric Nauczyciel, ainsi que des vogueurs* parisiens seront présents sur la durée
de l’installation à différents moments.
* Voguing : danse performative de la communauté transgenre afro américaine,
tirant son nom du magazine Vogue.
les mercredis, jeudis, vendredis, entre 12h et 13h30,
avec Dale Blackheart.
Les Dimanches à 16h
Avec Honeysha Khan, Vinii Revlon, Ari de B, Diva Ivy Balenciaga.
CYCLE DE PROJECTIONS ET DE PERFORMANCES
Les Samedis 25 Mars, 1er Avril et 27 Mai à 16h, le 20 Mai à 18h
Filmages en direct
Frédéric Nauczyciel invite d’autres artistes à réactiver en direct des séances de filmage en public : le vogueur Dale Blackheart, le slameur D’ de Kabal (Bobigny), le vogueur Honeysha Khan (Paris).
Le Jeudi 30 Mars à 18h30 à 20h
performance CunTender avec Dale Blackheart, conçue par Frédéric Nauczyciel.
Une évocation de la féminité des ghettos telle qu’elle s’exprime dans le voguing.
Le Jeudi 13 Avril de 18h30 à 20h
projections films House of HMU réalisés par Frédéric Nauczyciel avec la scène parisienne du voguing, entre 2013 et 2015. En présence
de Diva Ivy Balenciaga, Honeysha Khan.
Ces films font partie de l’installation que Frédéric Nauczyciel présente également
au CentQuatre-Paris, du 14 mars au 9 avril.
Le Jeudi 11 Mai de 18h30 à 20h
Projection de films de la collection du Centre national des Arts plastiques et de la collection départementale d’art vidéo, conçu par Pascal Beausse, directeur de la collection photographique du CNAP (sous réserve).
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Dimanche 26 Mars à 15h30
Balade-atelier en famille
On écoute le corps
Le corps parle, il se raconte. Par la posture, par le vêtement, au travers du mouvement, le corps témoigne. À partir des sculptures et des peintures
du musée, vous suivrez l’écho qu’il laisse entendre.
Tarif : 3 euros pour tous
Jeudi 27 Avril à 16h30
Table ronde
La table ronde organisée par le festival Panorama des Cinéma du Maghreb et de Moyen-Orient et le laboratoire Esthétique, sciences et technologies
du cinéma et de l’audiovisuel de l’Université Paris 8 interroge la place des femmes dans le monde du cinéma, une autre façon d’aborder les questions des différences, de l’identité et de la créativité.
Samedi 20 Mai à 16h
Concert spectacle Musée ma muse
Evénement coordonné par Patrick Entat professeur de danse contemporaine au
Conservatoire de Saint-Denis, danseur, performeur et pédagogue. En résonance
avec l’installation, le spectacle s’intéresse à la peau comme lieu de sensations, de
limite mais aussi comme endroit d’échanges avec l’extérieur et les autres : touché
et être touché physiquement et émotionnellement.
17h Visite guidée.
Entrée libre (Nuit des musées)
GROUPES
Visites commentées et ateliers
Tous les jours sauf le mardi sur réservation auprès du musée.
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE
22 BIS RUE GABRIEL PÉRI
93200 SAINT-DENIS
Horaires d’ouverture
lundi-mercredi-vendredi : 10h/17h30
jeudi : 10h/20h00
samedi-dimanche : 14h/18h30
fermé mardi et jours fériés
Renseignement et Réservations :
01 42 43 37 57
musee@ville-saint-denis.fr
Tarif :
Accès gratuit à la Chapelle
Accès :
Métro : ligne 13, station Porte de Paris, sortie 3
RER : ligne D, arrêt Gare de Saint-Denis
Autobus : 153,154, 170, 239, 253, 254, 255
Tram : T1, T5, T8