Dans le cadre du festival Photos & Légendes à Pantin du 2 au 27 octobre 2010
© Thomas Léon, Living in the Ice age, 2010 (détail)
Ville en images devenue nous propose de mesurer la place prise par l’image de la cité chez les artistes aujourd’hui. L’expérience du paysage est désormais urbaine, même en plein désert le nom des villes fait image...
Depuis le milieu du 19e siècle, l’industrialisation, l’urbanisation croissante, l’apparition des foules puis l’explosion des nouvelles technologies, contribuent à faire de la ville un espace physique et social de transformations incessantes alors que naît et se développe une nouvelle expression artistique particulièrement apte à saisir et projeter les nouvelles cadences de la métropole moderne : le cinéma.
La ville est ainsi sans doute ce que le cinéma a le plus filmé. La télévision, la vidéo puis les outils de traitement et de diffusion informatique ont successivement permis la fabrication d’une esthétique urbaine plurielle dont les acteurs sont légions : cinéastes, reporteurs, publicitaires, vidéastes, amateurs, touristes…
Jamais le citoyen n’a produit autant d’images, comme il n’a d’ailleurs jamais été autant l’objet-sujet de ces images, qu’exposent d’omniprésents écrans (de contrôle, de surveillance d’informations, de téléphones, d’ordinateurs).
Des écrans qui capturent son attention et participent à une nouvelle perception filtrée du monde contemporain. Ce phénomène n’échappe pas à l’acuité des artistes.
L’exposition Ville en images devenue réunit quatre créations artistiques sous l’égide du festival Photos & Légendes ainsi qu’une sélection d’œuvres vidéo récemment acquises pour la Collection départementale d’art contemporain. Dans chacune de ces propositions, l’image de la ville est convoquée, déconstruite, sublimée ou encore décalée, témoignant de la place de l’imaginaire urbain dans la création contemporaine.
Les projets inédits portés ici par les plasticiens invités à cette réflexion en images s’attachent au territoire de la Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement à la ville de Pantin qui s’affiche comme un terrain exemplaire des aventures urbaines et des questions posées sur les mutations de la ville. Lieu de toutes les transformations, la ville les engage, les accompagne ou les subit - c’est selon. C’est elle, dans tous les cas, qui enregistre la multiplication des déplacements humains, des flux financiers, des circulations de marchandises et nouveaux réseaux de communication, ainsi que leurs « frappes directes » : le délitement de l’habitat social, l’urbanisme anarchique, l’exclusion de classes sociales, l’abandon de certains territoires... Les artistes prennent ce contexte comme lieu d’observation, terrain de jeu, support de projection ; la perception de leurs œuvres implique moins un regard qu’une expérience.
Ainsi les œuvres autorisent une diversité de lecture, entre narration, stimulation et manipulation, elles ouvrent des perspectives multiples d’appréhension de la ville, telle qu’elle est devenue…