Les constructions de collèges en Seine-Saint-Denis continuent. 4 opérations de "1% artistiques" ont récemment été réalisées pour des établissements à Aubervilliers, Drancy, Noisy-le-Sec et Montreuil. Et 2 nouvelles œuvres verront le jour fin 2021 au collège Jean Vilar à La Courneuve et au collège Jean Lolive à Pantin.
Collège Gisèle Halimi à Aubervilliers : « Narcisse et le selfie », 2017-18.
Pour son « 1% artistique », Abraham Poincheval a posé comme point de départ de sa réflexion l’adolescence, ce moment précis où tout change : le corps, le rapport à soi, à son image, aux autres. Son oeuvre est composée de deux volets :
A : Une sculpture-habitacle installée au milieu de la cour de récréation et dont toutes les faces sont en verre sans tain, d’un seul tenant. Ses dimensions sont adaptées à celles de l’artiste... qui prévoit d’y vivre 24 heures sur 24.
B : Une performance qui durera une semaine, préparée avec des élèves et l’équipe pédagogique lors d’ateliers. Elle permettra à l’artiste d’accumuler et de classer, lors de son isolement, une multitude de selfies et de portraits transmis progressivement en temps réel par les collégien.ne.s.
A l’issue de la performance, l’habitacle prendra pleinement son « rôle » de sculpture pérenne
au sein de l’établissement. Le Centre de connaissance et de culture du collège abritera des traces de la performance mais également des films et des livres dont les thématiques entrent en résonance avec l’oeuvre : le monolithe dans l’histoire, le palimpseste, la camera obscura, les mythes de Narcisse, de Diogène etc.
Architecte du collège Gisèle Halimi : Alcyone Architectes
Collège Françoise Héritier à Noisy-le-Sec : "Au gré des mots", 2019-20
"Dans le contexte de la commande d’une œuvre d’art pour ce collège, je me suis particulièrement attaché à la personnalité de Françoise Héritier. Historienne, géographe, ethnologue et anthropologue, Françoise Héritier compte parmi ces personnalités publiques qui ont marqué notre histoire en tant qu’intellectuelle et scientifique, mais aussi en tant que femme engagée, écrivaine et émancipée.
Au sein même du Centre de Connaissances et de Culture, j’ai proposé une installation suspendue qui rend hommage au langage, aux mots et à l’œuvre de Françoise Héritier. En résonance avec la métaphore du mikado qu’elle employait souvent pour définir les structures et les particularismes des cultures (jeu de projection de bâtonnets à la fois aléatoire et agencé), j’ai composé un nuage de mots suspendus, et constitué de lignes enchevêtrées. De plus, j’ai souhaité que les mots interagissent subtilement avec l’environnement du lieu et en fonction du déplacement du regard, en dialoguant notamment avec l’éclairage et la lumière naturelle, par des jeux de transparences et de miroir. Les mots seraient extraits des ouvrages de Françoise Héritier, représentatifs de ses travaux, de ses convictions et de sa personnalité.
A l’entrée du collège dans l’espace du parvis abrité, une présence de mots au niveau de l’interstice architecturale vers le ciel permet d’accueillir les collégiens et usagers avec deux citations emblématiques de Françoise héritier : « Etre différent ne veut pas dire inégal » et "N’avoir jamais honte d’être soi". Il me semble que ces citations font sens pour les jeunes, à un âge où les identités et les différences se cristallisent.
J’ai souhaité engager une série d’interventions au sein même du collège et avec la participation des élèves, afin de définir collectivement le choix des mots et expressions - extraits des ouvrages de Françoise Héritier - qui composent l’installation du CCC. Par l’organisation d’ateliers enregistrés et documentés, j’envisage également un rapport qui contiendrait des textes et des images et qui prendrait la forme d’une édition. Ce livre, comme les ouvrages de Françoise Héritier, constituerait comme une étude et une trace à la fois ethnologique et humaniste du collège, autour du processus de création de l’œuvre et plus largement autour du langage."
Architecte du collège Françoise Héritier : AMM Architectes. Maîtrise d’ouvrage : VINCI
Collège Gustave Courbet à Pierrefitte-sur-Seine : « Dessiner les mondes », 2017-18.
"Je sollicite l’histoire des lieux que je traverse, associant dans mes dessins l’architecture, la nature, la déambulation, l’urbanité et la mythologie ».
L’artiste franco-marocaine Chourouk Hriech a ainsi choisi, pour le collège Gustave Courbet, de s’inspirer des origines multiculturelles des collégiens pour la réalisation de son œuvre intitulée "Dessiner les mondes".
Dessinée à même les murs au Posca gouache sur des grandes toiles, ou bien sérigraphiée sur du verre, l’œuvre se déploie dans différents espaces collectifs de l’établissement en passant par le Centre de Connaissances & de Culture et les couloirs de classe au 1er et 2e étage. Elle invite à une déambulation poétique et ludique. À plusieurs endroits, Chourouk Hriech a inscrit des fragments de dessins que les élèves de deux classes de 3e ont réalisés lors d’ateliers d’arts plastiques menés avec l’artiste. Résultat : un dialogue original et dynamique avec l’architecture et avec l’environnement floral et urbain.
Architecte du collège Gustave Courbet : Da Costa Architectes
Pour lire la présentation de Carole Boulbes, cliquer sur le PDF ci-dessous :
Collège Aretha Franklin à Drancy/La Courneuve : "Alentour", 2019-20
L’artiste Heidi Wood a réalisé des grandes fresques en acier émaillé pour les deux longs couloirs qui desservent les classes du collège Aretha Franklin. Elles sont le fruit d’une collaboration entre l’artiste et les collégien.ne.s pour valoriser le patrimoine dans les environs du collège.
Ainsi apparaissent, à l’instar des pictogrammes utilisés pour les panneaux signalétiques, les silhouettes des bâtiments caractéristiques, des antennes paraboliques, du stade, des éléments décoratifs en fer forgé, des ponts, des chemins de fer ...
Les ateliers menés avec l’artiste ont également permis aux élèves de créer des blasons dédiés au quartier du collège. Certaines de ces effigies ont été transposées sur des plaques d’acier qui sont désormais exposées dans une des cages d’escalier du collège.
En parallèle de ces créations plastiques, l’artiste et les collégien.ne.s ont également préparé une candidature fictive pour que le patrimoine matériel et immatériel du quartier soit labellisé « Patrimoine mondial de l’Unesco », afin de permettre un hommage symbolique au tissu urbain et aux modes de vie qui forment le quotidien des élèves et de la population.
Architecte du collège Gustave Courbet : Da Costa Architectes. Maîtrise d’ouvrage : VINCI
Collège Miriam Makeba à Aubervilliers/Saint-Denis : "Fossiles", 2019-20
"J’ai souhaité utiliser des formes sculpturales simples, certaines géométriques, d’autres réalistes, qui cohabitent dans un dialogue poétique. Elles sont rassemblées en quatre saynètes dont les éléments se font écho. Ces saynètes possèdent un vocabulaire commun. L’œuvre prend place dans la cour du collège, un espace minéral bordé par une noue végétalisée et planté de quelques arbres, en vis-à-vis de la façade métallisée du collège. Les éléments de l’œuvre fonctionnent comme un décor qui habite la cour. Ils deviendront un paysage familier commun pour les collégiens, qui se donneront bientôt rendez-vous “près des dunes“ ou “sur les colonnes“. Il s’agit d’un décor minimal, qui peut faire penser au théâtre de Samuel Beckett dans lequel des formes relativement abstraites entrent en jeu avec les protagonistes (je pense notamment à “Acte sans parole“).
Ces saynètes proposent aussi, plus prosaïquement, quatre zones fonctionnelles où se rassembler, s’asseoir, s’appuyer. Parce que cette partie de la cour, située à l’ombre quand les arbres auront grandis, semble propice aux discussions, à l’échange. Ils apparaissent comme les supports de possibles scénarios : s’assoir dos à dos sur les monticules, poser ses fesses sur les jarres ou le mur, s’étendre en équilibre sur une colonne, etc.
Les sculptures importantes, monticules, murets, jarres, colonnes, seront réalisées en pierre massive, dans trois grès de couleurs issus de trois carrières différentes : grès rose des Vosges (en fait plutôt situé en Alsace), grès vert de Toscane, grès jaune d’Espagne. Réalisées en fonderie (bronze ou aluminium), des branches viennent habiter ces formes minérales, comme ces racines d’arbre qui ouvrent des brèches dans les pierres d’un site archéologique : fossilisation et lente érosion des formes produites par l’homme partout sur la planète."
Architecte du collège Miriam Makeba : Platane & Ilic. Maîtrise d’ouvrage : VINCI
Collège Christine de Pisan à Aulnay-sous-Bois : "Harmoniques", 2018-19.
"L’œuvre que j’imagine est composée d’une grande surface monochromatique, à l’échelle de l’architecture, située à l’entrée du bâtiment. Cette surface est vibrante, elle s’active et révèle des interférences avec l’environnement, en fonction du déplacement et du point de vue de l’observateur. Elle s’aborde comme un sas qui dévoile des porosités avec l’architecture, le paysage urbain et ses usagers.
De l’extérieur, cette surface de couleur, apparaît comme un monochrome et se métamorphose ensuite lorsqu’on se situe au sein du bâtiment. À proximité, celle-ci révèle une harmonique chromatique, une onde visuelle, qui fluctue en fonction du mouvement. Les zones de réflexion ajoutent à l’image restituée les silhouettes de l’architecture et des passants.
Les multiples dimensions se révèlent dans l’espace et dans le temps par la transformation même de l’œuvre qui s’appréhende différemment à chaque heure de la journée, à chaque saison, selon la position de l’observateur, de ses déplacements, et dessine ainsi l’évolution de l’harmonique visuelle." Etienne Rey
Architecte du collège Christine de Pisan : Roland Carta. Maîtrise d’ouvrage : FAYAT
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Collège Gisèle Halimi à Aubervilliers : « Narcisse et le selfie », 2017-18.
Pour son « 1% artistique », Abraham Poincheval a posé comme point de départ de sa réflexion l’adolescence, ce moment précis où tout change : le corps, le rapport à soi, à son image, aux autres. Son oeuvre est composée de deux volets :
A : Une sculpture-habitacle installée au milieu de la cour de récréation et dont toutes les faces sont en verre sans tain, d’un seul tenant. Ses dimensions sont adaptées à celles de l’artiste... qui prévoit d’y vivre 24 heures sur 24.
B : Une performance qui durera une semaine, préparée avec des élèves et l’équipe pédagogique lors d’ateliers. Elle permettra à l’artiste d’accumuler et de classer, lors de son isolement, une multitude de selfies et de portraits transmis progressivement en temps réel par les collégien.ne.s.
A l’issue de la performance, l’habitacle prendra pleinement son « rôle » de sculpture pérenne
au sein de l’établissement. Le Centre de connaissance et de culture du collège abritera des traces de la performance mais également des films et des livres dont les thématiques entrent en résonance avec l’oeuvre : le monolithe dans l’histoire, le palimpseste, la camera obscura, les mythes de Narcisse, de Diogène etc.
Architecte du collège Gisèle Halimi : Alcyone Architectes
Collège Germaine Tillion à Livry-Gargan : « Des jardins perdus », 2018.
Elsa Sahal a choisi pour son oeuvre les quatre patios qui ornent le bâtiment principal de ce nouveau collège et qui sont visibles pour les élèves depuis les couloirs des salles de classe du premier et deuxième étage. Chaque patio encadrera un jardin de fleurs-sculptures en céramique et en bronze-alu, entouré de sédum ; chaque jardin évoquera ainsi une saison de l’année par sa tonalité, son mouvement et sa forme.
Le titre de l’oeuvre se réfère au nom de la rue du collège Germaine Tillion, et évoque les jardins galants (associés aux guinguettes) qui bordaient le canal à l’époque de l’essor industriel de la ville.
Que ce soit entre autres en sciences et vie de la terre, en lettres, en arts plastiques, la question du vivant peut se poser de multiples façons et de manière transdisciplinaire. Ainsi, le "1% artistique" d’Elsa Sahal inclut un atelier de réflexion mené avec les enseignants et les élèves autour de la question de la cohabitation avec la nature dans la ville de demain.
Architecte du collège Germaine Tillion : Ameller-Dubois Architectes. Maîtrise d’ouvrage : FAYAT.
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Collège Solveig Ansprach à Montreuil : « Vieille branche (une histoire naturelle des quartiers de Bagnolet et Montreuil) », 2018.
Simon Boudvin habite depuis des années à la jonction entre Bagnolet et Montreuil, à proximité de ce nouveau collège. Il porte depuis toujours un regard particulier sur le rôle particulier, et parfois sauvage, que joue la nature dans la densité urbaine.C’est ainsi que l’artiste a souhaité proposer une oeuvre en deux volets qui met en perspective les éléments d’une histoire naturelle des quartiers de Bagnolet et Montreuil, à la lisière du parc Jean Moulin-Les Guilands : 1) dans le jardin partagé reliant les bâtiments du collège et le parc départemental : une sculpture faite de bûches de châtaigner qui évoluera dans le temps et pourra servir d’habitat à une faune locale (insectes, hérissons, passereaux,...), 2) l’édition d’un "guide d’écologie urbaine » ; un inventaire photographique de couples arbres/immeubles des quartiers autour du collège, fruit d’une série de workshops organisés durant l’année 2018/19 en collaboration avec la Maison du Parc Jean Moulin-Les Guilands.
L’oeuvre vise ainsi à partager des observations propres à l’écologie en ville, et à intégrer, avec les mots de l’artiste « la vieille branche de la botanique dans notre culture urbaine ».
Architecte du collège Solveig Anspach : Mikou Design Studio. Maîtrise d’ouvrage : FAYAT.
Collège Jean Jaurès à Saint-Ouen : « En attendant Alice », 2013-15.
Le titre du "1% artistique" de Boris Achour, En attendant Alice, évoque deux œuvres littéraires majeures, chères à l’artiste : En attendant Godot de Samuel Beckett et Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
L’œuvre elle-même est composée de neuf « chapitres » dispersés dans le collège : un sourire en acier peint se découpe sur un des murs du CDI, des pieds de tables multicolores tombent du plafond dans le couloir d’à côté, des horloges dans le hall et dans la cour ne montrent pas l’heure mais simplement le temps qui passe ; une lumière bleutée envahie les escaliers, des messages énigmatiques se gravent sur les bancs dans la cour, etc.
Comme certains types de puzzle, chaque pièce existe séparément tout en formant un tout. Ici, chaque intervention est comme l’indice d’un jeu de piste mystérieux, dont la solution reste à inventer. L’ensemble crée une ambiance étrange et bizarre, s’infiltrant discrètement dans le quotidien des élèves … comme si le collège était tombé dans le fameux tunnel d’Alice.
Architecte du collège Jean-Jaurès : Soria Architectes
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Collège Jacqueline de Romilly au Blanc-Mesnil : « Les habitants du jardin », 2015.
« L’œuvre « Les habitants du jardin » s’inscrit dans le jardin doté d’une mare pédagogique qui fait de ce lieu un univers poétique et naturel en soi. Les deux sculptures constituant mon projet se mêlent aux arbres plantés avec une indifférence naturelle et s’intégreront d’autant mieux quand la végétation aura atteint sa croissance maximale.
L’œuvre est une installation qui prend en compte l’univers du jardin et son environnement en amplifiant l’échelle du paysage par une relation poétique entre l’arbre et l’habitat : la cabane dans les arbres et le nid.
C’est un contrepoint critique à l’urbanisation, un lieu de respiration où la nature et le construit retrouveraient une harmonie originelle.
Les troncs incarnent la forêt comme lieu protecteur où se sont développées les premières civilisations. Les moulages en résine polyester et fibre de verre exaltent la qualité sculpturale et décorative du motif des écorces et nous projette dans l’ouvrage, la sculpture et l’architecture (la colonne).
Les tentes sont également des épreuves en résine polyester obtenues par moulage d’objets réduits. Il s’agit en effet de construire de réels objets réduits (pour donner l’illusion d’une plus grande hauteur de perchage) et d’en effectuer une empreinte afin de produire des moulages.
La proposition soutient un paradoxe temporel en associant la permanence de la figure hiératique de l’arbre à la légèreté éphémère du camping cultivant la sensation de liberté. » Didier Marcel
Architecte du collège Jacqueline de Romilly : LEHOUX PHILY SAMAHA
Architectes. Maîtrise d’ouvrage : EIFFAGE.
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Collège Pierre Curie à Bondy : « Jouer à faire semblant pour de vrai », 2015.
"Le projet que je propose pour ce 1% artistique, intitulée Jouer à faire semblant pour de vrai, est une œuvre de performance constituée d’un ensemble de volets qui se déploient dans le temps et dans l’espace du collège Pierre Curie : un lancement, des ateliers-rencontres, une exposition, la réalisation d’une peinture murale, le tournage d’un film-performance, l’édition d’un livre et d’un DVD partagée lors de la clôture, sont autant d’occasions de faire le lien entre les collégiens et moi-même, et entre tous les acteurs du projet à chaque niveau.
L’œuvre a pour objectif de créer un espace ouvert, un lieu où des événements seront concrètement vécus, redoublés par une fiction qui se mettra en place grâce au tournage, offrant ainsi un terrain de jeu où réalité et fiction viennent se confondre pour créer une mise en scène subtile de la vie.
Je souhaite offrir un regard nouveau sur le médium de la performance et sa pratique contextuelle. Développer l’œuvre de performance Jouer à faire semblant pour de vrai avec les collégiens en pleine construction personnelle est rendu possible grâce à leur énergie. En retour, les collégiens peuvent alors prendre la parole dans le contexte d’une œuvre à la fois accessible à tous et ambitieuse, à la charnière de l’art et la vie.
J’insisterai sur le fait que Jouer à faire semblant pour de vrai existe par le dialogue : c’est une œuvre de la rencontre." Céline Ahond
Architecte du collège Pierre Curie : AMM Architectes. Maîtrise d’ouvrage : EIFFAGE.
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Collège Dora Maar à Saint-Denis/Saint-Ouen : « Un film dramatique », 2015-2019 ».
Pendant quatre ans, Éric Baudelaire a retrouvé, à échéances régulières, les élèves du groupe cinéma du collège Dora Maar à Saint-Denis/Saint-Ouen. Le temps pour eux de grandir ensemble. Le temps, surtout, de trouver la forme d’un film dont ils seraient véritablement les sujets : les personnages, les auteurs et la promesse.
Le format des workshops a été hybride et n’a pas fait la distinction entre tournage, discussion et séances de travail collectif. Les élèves ont parlé de la vie de chacun, de la vie ensemble, du cadre : le collège, la famille, le collège, les amis. Progressivement, au cours des séances, le sujet est devenu la fabrication du film lui-même, et les participants ont pris possession des moyens de fabrication, l’image et le son, accompagnés par l’équipe du film.
Qu’est-ce qu’on fabrique ensemble ? Répondre à cette question – politique en ce qu’elle engage les représentations du pouvoir, de la violence sociale et de l’identité –, a été pour eux partir à la recherche d’une forme qui rende justice à la singularité de chacun d’entre eux, mais aussi à la consistance de leur groupe. Qu’est-ce qu’on fabrique ensemble, si ce n’est ni un documentaire ni une fiction ? Un film dramatique peut-être, où se découvrent le travail du temps sur les corps et sur les discours, mais aussi la possibilité pour chacun de parler en son nom en filmant pour les autres, et de devenir avec Baudelaire co-auteurs du film, c’est-à-dire déjà sujets de leur propre vie.
Avec ce 1% artistique original, Eric Baudelaire a remporté le prestigieux prix Marcel Duchamp.
Architecte du collège Dora Maar : PLATANE ET ILIC. Maîtrise d’ouvrage : EIFFAGE.
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Collège International, Noisy-le-Grand : « Mots d’ordre », 2015.
"Au regard de ma pratique, je choisis de destiner ma proposition artistique au projet d’enseignement des langues vivantes dispensé par le Collège International. Une matière, qui selon moi, soulève des réflexions autour de l’appartenance et de l’intégration au travers de questions liées à la langue, la parole, le parlé, le vivant, le présent.
L’oeuvre que je propose consiste en la réalisation et l’installation d’une douzaine d’écritures lumineuses, en néon, parsemées dans l’ensemble du bâti du collège, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ces écritures de lumière reproduisent des phrases consignées par Marguerite Duras en Mai 68. Il s’agit de ‘’mots d’ordre’’ écrits, tagués, exprimés sur les murs, dans la rue, les universités, qui ont attiré l’attention de l’auteure au point qu’elle en recopia le contenu.
Afin d’associer ces phrases au projet d’enseigner les langues vivantes au collège que sont le portugais (du Brésil), le chinois, l’arabe et l’anglais, je décide de retranscrire un ensemble de deux ou trois citations par langue ainsi qu’en français. Le projet artistique tente ainsi une composition sémantique déployée autour de traduction, retranscription de mots d’une langue à une autre.
D’un point de vue esthétique, la couleur du néon sera la même pour chacune des langues : une couleur bleue standard. Le bleu va renvoyer à la couleur de l’encre, l’encre de l’écrit. La lumière bleue est également celle qui semble aller le mieux avec l’ambiance des bâtis du collège ; entre le blanc, le gris anthracite, le noir, et la couleur des bardages bois, le bleu apparaîtra comme une épure.
Pourquoi le néon ? Ce matériau devenu tant banal dans le champs des arts plastiques et tant fonctionnel dans le champs graphique et signalétique ? Il combine pour moi ces deux aspects qui concordent avec le projet. Les écritures en néon se rapprochent du tag, en cela que ce matériau se banalise et s’affirme dans le champs de l’espace public, mais aussi il se dote d’une force évocatrice, une force d’information, tant il se lie avec la signalétique.
Les néons pourront s’éteindre et s’allumer en fonction de la vie de l’établissement. On pourra imaginer allumer une phrase, puis l’éteindre en fonction des heures." Thu Van Tran
Architecte du Collège International : SCAU Architectes. Maîtrise d’ouvrage : EIFFAGE.
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Collège Anatole France aux Pavillons-sous-Bois : « Les Pavillons ».
"Nous avons réfléchi autour des notions d’écrit et d’écriture, en prenant en compte l’emplacement particulier du collège au bord du canal de l’Ourcq et le nom de la commune sur laquelle il se situe : Les Pavillons-sous-Bois.
Les principes de code, d’écriture, de transcription, de décodage, de déchiffrage entrent dans nos préoccupations artistiques, selon un jeu de codage du réel.
Ainsi, l’œuvre que nous proposons pour le collège est issue d’un alphabet existant qui est le code international des signaux maritimes. Ce système permettait aux bateaux, avant l’usage de la radio, de communiquer entre eux. Aujourd’hui encore, cette écriture est connue des marins et utilisée dans différents cas de figure. Son principe est simple : chaque lettre de l’alphabet est symbolisée par un drapeau carré, appelé pavillon. Ce pavillon est hissé sur le mât, ainsi que d’autres à sa suite, afin d’adresser un message aux autres bateaux. Chaque pavillon représente donc une lettre, et aussi un code correspondant à une situation spécifique à la navigation.
Avec cet alphabet, nous avons choisi d’écrire une phrase provenant de la philosophie classique, pour la force de ses idées, son intemporalité et son humanité : « ON NE PEUT PAS ENTRER DEUX FOIS DANS LE MÊME FLEUVE » (Héraclite, Sur la Nature, 91ème fragment, VIe siècle avant J.-C.).
41 drapeaux en tissu représentant les 41 lettres de cette phrase constitueront une sculpture en forme d’étoile suspendue dans le hall d’entrée du collège. En écho aux drapeaux nationaux qui ornent la façade extérieure du collège, cet emplacement confère à l’oeuvre, un peu à la façon des nombreux drapeaux qui accueillent les visiteurs aux Nations Unies, une notion d’accueil et d’universalisme.
Nous envisageons également de développer autour de cette oeuvre un programme d’actions de médiation, et d’élaborer avec l’équipe du collège une liste d’ouvrages pour le CDI orientés sur les questions de navigation et de cartographie, ainsi qu’une sélection de romans en lien avec les grandes expéditions et la vie au fil de l’eau." Angela Detanico et Rafael Lain
Production de l’œuvre : Agence Pièces Montées
Architecte du collège Anatole France : Epicuria Architectes. Maîtrise d’ouvrage : FAYAT.
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Collège Pierre de Ronsard à Tremblay-en-France : « Perspectives », 2013-18
« Perspectives », le projet de Cyril Dietrich a impliqué un groupe d’artistes et de chercheurs en collaboration avec les collégiens, le personnel du collège et les parents d’élèves. L’artiste a accompagné durant cinq années la production de fictions, réflexions, actions à l’intérieur même du collège et au-delà. Ces événements ont fait l’objet de cartes postales diffusées en priorité aux familles et élèves, mais aussi à
toute la ville et dans des lieux culturels. Dans ces projets, le collège était considéré à la fois comme une architecture, un espace social, un lieu culturel, un décor de cinéma. Par exemple, l’artiste Jochen Dehn a filmé un dimanche les déambulations dans le collège vide d’un tigre majestueux et exotique. Vincent Bossard a proposé à l’association « Les écoliens » (destinée à rapprocher des jeunesses différentes issues de trois collèges – deux en France, et un au
Sénégal) de tracer, sur le sol de la cour le plan
de la salle de classe du collège sénégalais jumelé. Le collectif HeHe a invité les élèves à recréer et rejouer des scènes de désordre et de trouble social dont, à en croire les médias, tous les collèges de Seine-Saint-Denis seraient les théâtres. La dessinatrice Gala Vanson a croqué le quotidien des collégiens. Remettant en jeu
la définition et les enjeux de « l’œuvre d’art publique », de « l’art dans l’éducation », de « l’art dans la société », les quelques 25 créateurs et penseurs investis dans le collège ont offert, en discussion avec les usagers du lieu, de nouveaux points de vue sur leur environnement quotidien.
Architecte du collège Pierre-de-Ronsard : Jean-Pierre Lott
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